Le frigo

Parfois, la faim surgit sans crier gare.

Le corps, conditionné, réagit de concert avec la pensée.

Souvent, j’aime aller me planter devant le réfrigérateur ouvert pendant quelques secondes pour en observer le contenu.

Ça a quelque chose de rassurant de le voir comblé. Comme si le fait d’avoir des réserves avait un pouvoir tranquillisant.

Un frigo « Américain » à double porte, c’est une fenêtre ouverte sur le royaume de l’abondance.

À cause de son énorme volume, on y égare parfois des petits pots et autres contenants dans les recoins.

Ils sont oubliés et remplacés par d’autres, plus nouveaux, plus frais…

Tel est l’attrait de la nouveauté: on entasse, on oublie le vieux.

Quand on n’en veut plus vraiment, il est noyé dans la masse, forme de déni…

Finalement, cette infinité de variantes du même produit va faire naître moult moisissures aux couleurs nouvelles!

L’opulence apparente se révèle être un terrain fertile à la pourriture sous-jacente. L’écosystème fongique est durablement implanté à ce stade.

Dans la logique du consumérisme, acheter, c’est exister.

Une fois dépouillés du superflu, que nous reste-t-il vraiment?
